Balthazar Pierret (QRM).
Interview

Balthazar Pierret : « On a les ressources pour se maintenir »

Balthazar Pierret : « On a les ressources pour se maintenir »

Interview
Publié le 18/04 à 16:16 - NM

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Incontournable dans l’entrejeu de QRM depuis la saison dernière, Balthazar Pierret évoque la lutte pour le maintien, sa progression et retrace son parcours avant une nouvelle étape en Italie la saison prochaine.

QRM nous a offert une rencontre de folie samedi face à l’AJ Auxerre (4-3). Peux-tu revenir sur ce succès face au leader ?
C’était un match plein de rebondissements, surtout lors des dernières minutes (trois buts dans le temps additionnel). On avait à cœur de prouver qu’on est une équipe qui veut se battre jusqu’à la fin de la saison. Même si c’était face au leader, une équipe très difficile à manœuvrer, on voulait montrer qu’on a les ressources pour se maintenir.

Le club est actuellement 19e de Ligue 2 BKT, à six points de l’USL Dunkerque premier non-relégable. Jean-Louis Garcia a-t-il fixé un nombre de points à prendre lors des six derniers matchs pour se maintenir ?
On n’en a pas parlé ensemble mais on sait à peu près le nombre de points qu’on doit prendre pour se sauver. On est conscients qu’il va falloir enchaîner les victoires et démarrer une série. Ça serait super de pouvoir le faire en enchaînant par un succès à Concarneau ce samedi. Et j’ai envie de dire que la semaine à trois matchs tombe bien car c’est dans ce genre de semaine que les victoires peuvent s’enchaîner.

L’équipe doit quasiment faire un sans-faute…
C’est ça ! Quasiment ! Quand on voit la densité de clubs à la lutte…

Sur le plan personnel, tu as inscrit 3 buts lors de tes 4 derniers matchs alors que tu en avais inscrit seulement 2 lors de tes 52 précédents matchs. Tu te découvres des qualités de buteur ?
Je dirais plutôt que je me sens libéré. Dans le sens où je me lâche, je vais plus vers l’avant, je me projette plus tout simplement. J’essaie de ne pas me mettre de pression et de prendre du plaisir sur le terrain. Ce n’est que du bonus d’avoir pu inscrire ces buts. C’est vrai que c’est quelque chose de nouveau pour moi, c’est la première fois de ma carrière que je marque autant, mais j’y prends goût et j’espère que ça va continuer. Je travaille pour !

« J’ai passé le palier de la Ligue 2 BKT »

Comment expliques-tu cette libération ?
Je pense que c’est lié à ma signature à Lecce en vue de la saison prochaine. Mentalement, je sens que j’ai une charge en moins, et cela me permet de développer d’autres qualités et d’élargir ma palette. Je découvre de nouvelles sensations ces dernières semaines. Il y a les buts, certes, mais, dans la construction des actions, je sens que je sers plus à l’équipe que par le passé car j’arrive mieux à me projeter. Avant, je restais dans un rôle, entre guillemets, plus ingrat, où je défendais beaucoup, aujourd’hui, j’essaie d’allier cela à un apport offensif.

Est-ce aussi lié aux consignes de Jean-Louis Garcia ?
Oui. Après, que ce soit Jean-Louis Garcia ou le coach précédent Olivier Echouafni, ils m’ont tous les deux dit que j’ai cette vocation à pouvoir marquer des buts et à avoir des statistiques. Je n’en étais peut-être pas forcément conscient mais le fait de voir que cela fonctionne en apportant davantage offensivement m’encourage à continuer sur cette voie.

Plus globalement, il s’agit de ta deuxième saison au club et en Ligue 2 BKT. Comment analyses-tu ta progression ?
La première année était une année de découverte, de challenge. C’était la première fois que je me confrontais au niveau de la Ligue 2 BKT et j’ai beaucoup appris, surtout qu’on avait fait une très bonne saison. Et cette deuxième année, personnellement, c’est la confirmation. Je n’ai pas eu beaucoup de blessures, j’ai pu jouer mes matchs… Après, c’est une saison plus compliquée collectivement, mais elle permet d’apprendre d’autres choses. Un maintien, ce n’est jamais facile, mais c’est aussi enrichissant. Je pense avoir confirmé que j’ai passé le palier de la Ligue 2 BKT.

Est-ce une revanche par rapport à l’OGC Nice et Boulogne-sur-Mer qui ne t’ont pas conservé ?
Oui, oui, oui… Complétement ! C’est une petite revanche. Quand tu es dans un centre de formation (de l’OGC Nice de 2017 à 2020), tu as très envie de signer ton premier contrat professionnel avec l’équipe, et ce n’est pas facile à accepter lorsque cela n’arrive pas. Il faut avoir l’intelligence de digérer et de se dire que ce n’est pas parce que je n’ai pas eu un contrat ici que je n’en aurais pas un ailleurs. Mais quand on est jeune, c’est très difficile, tu traverses des moments compliqués… Après, ce qui est bien, c’est qu’en étant déjà passé par tout cela dans ma jeune carrière, aujourd’hui, je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus.

« J’ai commencé le football en Turquie »

Ton début de carrière en Roumanie te semble loin ?
Oui ! Il me semble très loin (rires). Mais je n’ai que de bons souvenirs là-bas. Après avoir été écarté à Boulogne-sur-Mer, j’ai fait six mois au Dinamo Bucarest (à partir de janvier 2022) qui m’ont permis de me relancer et de reprendre goût au football. Mais c’est clair que ça commence à faire loin dans ma tête. Comme on dit, tout va très vite dans le football, on oublie vite ce qu’il s’est passé avant. Ça ne fait que deux ans mais en deux saisons, il y a tellement de choses sur lesquelles tu t’améliores, tu découvres tellement de nouvelles choses. Quand tu n’es pas dans le foot, deux ans, ça ne paraît rien mais, pour un joueur, c’est… Ici, ma première saison est passée très, très vite, et la deuxième est un peu plus longue. Les résultats jouent beaucoup…

Comment est-ce que tu t’étais retrouvé au Dinamo Bucarest ?
Comme ça ne se passait pas bien avec Boulogne-sur-Mer, je voulais trouver une porte de sortie. Au départ, je souhaitais rester en France mais je n’ai eu que des intérêts de clubs de National sans offre concrète. Puis, j’ai eu cette opportunité venant de D1 roumaine. Un agent qui me suivait depuis Nice m’a proposé de signer au Dinamo Bucarest et j’ai sauté sur l’opportunité. Je n’ai pas trop réfléchi, j’ai pris mes valises et je suis parti là-bas (sourire).

Tu as le goût du voyage puisque tu as également joué en Pologne plus jeune…
Exactement ! J’ai la chance d’avoir connu plusieurs pays et cultures durant mon enfance. Je considère que c’est une force et une richesse. Ça m’a servi pour mon début de carrière, car par rapport à d’autres joueurs, je n’ai pas eu peur de partir à l’étranger, surtout dans des pays de l’Est avec des championnats méconnus en France. Comme je l’ai dit, je n’ai pas hésité, j’avais vraiment vu l’offre du Dinamo Bucarest comme une belle opportunité pour six mois. Mais c’est en grande partie lié à ma connaissance de ces pays.

D’où vient-elle ?
J’ai vécu dans de nombreux pays (Hongrie, Roumanie, Pologne) en raison du travail de mon père. Je n’ai pas fait que les pays de l’Est, on a aussi habité en Turquie. Durant mon enfance, je n’ai vécu que quatre ans en France, à Paris, sinon j’ai beaucoup voyagé. J’ai commencé le football en Turquie puis j’ai continué dans chaque pays où j’ai dû déménager.

« L'Italie ? Un challenge excitant à relever »

Qu’est-ce que t'ont apporté toutes ces cultures ?
J’ai découvert différentes manières de voir le football. Ça m’a permis de prendre des touches un peu partout, de garder ce qui était bon dans un pays, de mettre de côté ce qui ne l’était pas. Ça m’a aussi beaucoup aidé dans l’intégration. Dès que j’arrive quelque part, comme je parle plusieurs langues, c’est très simple, je suis très à l’aise et je m’intègre très facilement, alors que pour certains joueurs, c’est un peu plus compliqué.

Pour revenir sur ton passage en Pologne, tu évoluais au FCB Escola Varsovia, une académie du FC Barcelone…
Oui, j’ai passé trois saisons là-bas (2014-2017) avant de rejoindre le centre de formation de l’OGC Nice. Parmi les deux joueurs évoluant aujourd’hui en pro, on est deux, le deuxième étant Marcin Bulka (actuel gardien de l'OGC Nice). C’était mon capitaine durant mes trois saisons à l’académie. Je me souviens qu’à l’époque il avait eu l’opportunité de faire un essai au FC Barcelone avant de signer à Chelsea.

Est-ce ton passé de globe-trotter qui t’a donné envie de signer en Italie la saison prochaine ?
C’est vrai que cela a joué. Au départ, comme je suis en fin de contrat, je regardais les opportunités en France, puis j’ai eu cette offre d’Italie. Je me suis dit que la Serie A correspondrait pas mal à mon style de jeu, que la qualité de vie serait au rendez-vous, car cela compte à 24 ans, et que le challenge allait être excitant à relever. Ça va être une étape supplémentaire dans ma progression !

L’Italie sera une découverte pour toi ?
Oui ! C’est l’un des seuls pays proches où je ne suis pratiquement jamais allé. J’avais fait un week-end à Vintimille lorsque j’étais à Nice mais je n’ai jamais vécu là-bas.