Interview

Nicolas Douchez : « Ce poste, c’était plutôt inattendu ! »

Nicolas Douchez : « Ce poste, c’était plutôt inattendu ! »

Interview
Publié le 09/11 à 11:18 -

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De retour au HAC, Nicolas Douchez découvre cette saison le poste d’entraîneur des gardiens. Entretien dans lequel il est question de son rôle dans le staff, de son lien avec Mathieu Bodmer, et forcément des gardiens formés comme lui au club.

Racontez-nous comment a pris forme cette nouvelle aventure avec le Havre AC, où vous avez été formé et gardien entre 1996 et 2004 ?
Tout a commencé par un coup de téléphone de Mathieu Bodmer (directeur sportif depuis le 20 juin dernier). Depuis le PSG (2011-13), on a toujours conservé un contact, car on avait bien accroché ensemble. Quand il a pris son poste au HAC, il a pensé à moi dans ce rôle d’entraîneur des gardiens. C’était plutôt inattendu pour moi, car je n’avais pas prévu ça, enfin pas aussi vite... Le fait que ça soit avec Mathieu et au HAC, le club de mes débuts, je trouvais que c’était un beau projet avec en plus une personne que j’apprécie.

Comment cela se passe-t-il avec lui au quotidien ?
On a des caractères qui se ressemblent. Nous échangeons énormément, on se dit les choses. C’est facile et c’est un plaisir d’être avec lui. Même si nous ne sommes pas tous les jours ensemble sur les terrains, nous avons des contacts quotidiens.

« Avec Mathieu, on partage une chambre d’hôtel »

Et dans la récente émission « une nuit avec… » sur Prime qui lui était consacrée, nous avons aussi découvert que vous partagiez avec lui une chambre au Stade Océane…
(Rires). Mathieu a beaucoup de déplacements entre le club, ses activités TV et radio. Et moi c’est un peu pareil, je ne suis pas tout le temps au Havre, car je passe une partie de la semaine à Paris auprès de ma famille. Alors plutôt que de prendre un appartement, on a une chambre à l’hôtel du Stade. Et nous avons décidé d’être dans la même chambre, car quand nous nous retrouvons au même moment au Havre, nous pouvons passer les soirées tous les deux. On a l’impression de revivre les mises au vert !

Donc l’ambiance est plutôt bonne entre vous.
Oui, mais il faut préciser qu’il ne m’a pas pris parce que nous sommes amis. Sinon, il y aurait vraiment beaucoup de monde dans le club ! Car Mathieu est ami avec beaucoup de personnes… Il m’a pris parce qu’il pensait que je pouvais apporter quelque chose au HAC, entre mon vécu du haut niveau, du vestiaire et de ma culture des titres.

Finalement, vous vous êtes retrouvés propulsés à un poste pour lequel vous n’avez pas encore pu passer les diplômes. Comment le gérez-vous ?
Mathieu m’a jeté comme ça dans le vestiaire (rires). Je n’avais pas de cadre défini pour préparer mes gardiens. Il a fallu que je me structure, car ça bouillonnait à l’intérieur ! Donc j’ai été obligé de prendre des conseils. Je n’avais pas envie d’appeler la terre entière, donc je l’ai fait avec Nicolas Dehon (entraîneur de Nicolas Douchez au PSG entre 2013 et 2016), Faouzi Amzal, avec qui j’ai terminé ma carrière de joueur au Red Star, et Christophe Revel. Avec ces trois coachs, qui ont des façons différentes de travailler, cela m’a beaucoup aidé.

Faire appel à ces coachs de confiance vous a du coup été profitable pour prendre le poste ?
Je n’avais pas le choix ! Surtout pour le début. Car il faut savoir doser la charge de travail, faire les bons exercices au bon moment, notamment dans la période de préparation d’avant-saison. Même si j’avais déjà en tête de nombreux exercices, ce n’était pas suffisant. Je savais que ça représentait du travail, mais c’est encore supérieur à ce que j’avais pu imaginer avec la préparation nécessaire.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle au sein du staff havrais ?
Mon rôle est d’abord de m’occuper des gardiens au quotidien. Ensuite grâce à mon vécu, je peux donner des conseils aux joueurs. Et lorsque l’on a à faire cela, c’est toujours mieux de prendre en exemple les plus grands. J’ai eu la chance de partager du temps et de jouer des matchs avec de très grands joueurs, notamment au PSG, donc le discours passe plus facilement. C’est un partage d’expérience. Et comme la mienne n’est pas si vieille que cela, ça parle, notamment aux plus jeunes joueurs.

« Ancelotti et Blanc étaient toujours sereins »

Pouvez-vous revenir plus précisément sur votre poste d’entraîneur des gardiens ? Quels messages leurs faites-vous passer ?
Avant tout, il doit y avoir du plaisir. Je ne pourrais pas entraîner des gardiens s’ils ne prenaient pas du plaisir. C’est primordial. Et il y a ensuite la bienveillance. Je sais ce que c’est d’avoir été titulaire, mais aussi remplaçant. Grâce à ce vécu, j’arrive à gérer ces situations plus facilement, car je les comprends. Je me rends compte que peu importe mes relations avec mes entraîneurs de gardiens, ils m’ont tous appris quelque chose dans ma progression. Certains plus que d’autres, mais j’ai profité de toutes les différentes méthodes. J’ai toujours essayé de prendre le meilleur. Et aujourd’hui, comme un clin d’œil, mon premier entraîneur au HAC – Jean-Pierre Bourgier - vient de temps en temps me voir à l’entraînement.

Quelle est votre relation avec le coach Luka Elsner ?
C’est un entraîneur qui est dans le partage et dans l’écoute. Dans le vestiaire, tout le monde a la parole lors des discussions pour les choix de joueurs et tactiques. A la fin, c’est lui qui tranche, mais il y a de l’échange. De mon côté, je peux lui partager mon expérience du management que j’ai connu avec de grands coachs, l’aider à gérer certaines situations. Par exemple, des coachs comme Carlo Ancelotti et Laurent Blanc avaient beaucoup de calme. Ils étaient toujours sereins. Et pour un joueur c’est rassurant de voir un coach sûr de lui. Cela contribue à mieux faire passer son discours.

Comment cela se passe-t-il avec vos trois gardiens Arthur Desmas, Mathieu Gorgelin et Mohamed Koné ?
Ils ont une très bonne connexion entre eux. Les deux anciens (Arthur et Mathieu) sont encore plus proches, car ils sont dans la même tranche d’âges. Donc cela aide à faire du lien entre eux. Les trois gardiens sont des gars qui ont spontanément le sourire. Cette bonne humeur est aussi ce que j’essaye d’apporter dans mes séances. J’ai fait ça pendant toute ma carrière : créer de l’osmose. J’étais un joueur qui aimait le contact. Alors, je veux créer cela avec mes gardiens.

« J’avais envie de me retrouver aux côtés de Christophe (Revault) dans un vestiaire »

Vous faites partie d’une grande tradition de gardiens formés au Havre AC avec Steve Mandanda, Christophe Revault, mais aussi Brice Samba et Yahia Fofana qui sont en Ligue 1 Uber Eats ou encore Zacharie Boucher et Johny Placide, tous deux actuellement en Ligue 2 BKT. Comment expliquez-vous ce niveau de qualité ?
Je me suis déjà posé la question, mais je n’ai pas vraiment d’explication…Car les profils de tous ces gardiens sont différents. Et pourtant, c’est vrai que c’est un club qui a réussi à sortir un nombre assez incroyable de gardiens ! Ce qui est certain, c’est que le HAC a toujours fait confiance aux gardiens qu’il a formés. Personnellement, j’ai eu plusieurs entraîneurs de gardiens au HAC, Steve (Mandanda) et Christophe (Revault) n’ont pas eu forcément les mêmes, donc les hommes changent, mais la qualité de la formation demeure…

Quelle relation entretenez-vous entre gardiens formés au HAC, notamment avec Steve Mandanda ?
Avec Steve, on est toujours contents de se voir. Il y a toujours quelque chose de spécial. Steve était à la formation quand j’étais en pro, donc je l’avais déjà croisé sur quelques séances. Le lien existait déjà. Quand je croise un gardien qui a été formé au HAC, on aura toujours une discussion pour savoir si on a connu untel ou untel. Même si on ne se connaît pas forcément, on sait que l’on vient du même moule.

Pour votre premier match avec le Stade Rennais en août 2008, vous l’avez d’ailleurs affronté lors d’une 1ère journée face à l’OM avec un spectaculaire 4-4…
Sur ce match assez fou, même si nous avions pris 4 buts chacun, nous avions aussi eu beaucoup d’arrêts à effectuer ! Si nous avons échangé des mots la fin du match, ça devait être du genre : « Qu’est-ce qu’on a bien ramassé ce soir ! ».

Vous avez aussi bien connu un autre gardien historique des Ciel et Marine, Christophe Revault.
Même si j’étais encore jeune, j’avais déjà pu le rencontrer au HAC (les deux gardiens ont été au HAC en 1996/97, lorsque Nicolas Douchez avait 16 ans). Il passait de temps en temps regarder les séances. A l’époque, il n’y avait pas encore de centres d’entraînement différents entre les pros et les jeunes, donc tout le monde s’entraînait au même endroit. De ma chambre du centre, il m’arrivait de ne pas aller à l’école et de m’enfermer pour regarder le spécifique de Christophe. Je me souviens d’une paire de gants qu’il m’a offerte à mon arrivée, parce que les miens étaient abîmés. Et plus tard en 2004, lorsqu’il y a eu cette opportunité de signer au Toulouse FC, j’ai signé en grande partie parce qu’il y était. J’avais envie de me retrouver à ses côtés dans un vestiaire. J’avais encore en tête toutes les fois où je l’avais observé s’entraîner au HAC. J’avais vraiment envie d’être sa doublure et après de prendre sa place.