Interview

Georges Mikautadze : « László Bölöni me fait confiance »

Georges Mikautadze : « László Bölöni me fait confiance »

Interview
Publié le 07/02 à 10:16 - NM

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Leader du classement des buteurs avec 11 buts après la J22, le Messin Georges Mikautadze est l’une des révélations de la saison de Ligue 2 BKT. Passé par l’Olympique Lyonnais avant d’intégrer le centre de formation du FC Metz sur le tard, l’international géorgien de 22 ans se raconte.

Depuis votre arrivée au centre de formation du FC Metz en 2017, c’est la première fois que vous avez votre chance au sein de l’équipe première. Comment le vivez-vous ?
Très bien. Quand je suis arrivé au club, c’était dans l’optique d’un jour évoluer avec l’effectif professionnel. Je suis content d’avoir atteint cet objectif mais il faut que je continue sur cette voie. Ça fait du bien de ressentir de la confiance de la part du club. Les années précédentes, je ne vais pas dire qu’il ne comptait pas sur moi, car il connaissait mes qualités, mais il ne me lançait pas réellement dans le grand bain. Je ne sais pas pourquoi. Mais, maintenant, c’est chose faite ! J’en suis très heureux.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours avant d’arriver au FC Metz ?
J’ai commencé le foot avec mon père en bas de chez moi. Il me dit souvent que j’étais tout le temps avec un ballon dans les mains. J’ai signé à six ans dans un premier club, le FC Gerland, où je suis resté une saison. Ensuite, j’ai rejoint l’Olympique Lyonnais jusqu’à mes 14 ans. J’ai fait sept saisons au club mais je n’ai pas été conservé au moment de l’entrée au centre de formation, puis je suis parti dans un club à côté de Lyon, l’AS Saint-Priest, pendant deux saisons.

Qu’est-ce qui vous manquait pour intégrer le centre de formation de l’OL ?
Je pense que je n’étais pas encore prêt physiquement. J’avais de la technique, j’étais adroit devant le but, mais je mesurais seulement 1 mètre 40. A 14 ans, je n’étais pas encore bien développé, j’étais vraiment tout petit et tout maigre à côté des jeunes de ma génération comme Amine Gouiri. Ils mesuraient déjà tous 1 mètre 70 et étaient bien plus étoffés. A cet âge-là, la concurrence commençait à devenir plus forte et je pense que mon gabarit n’était pas suffisant.

« Quand tu es un petit Lyonnais, tu rêves de jouer à l’OL »

Devoir quitter le club à ce moment-là n’a pas dû être facile à vivre…
Je me souviens très bien du moment où l’OL ne m’a pas conservé. Quand on est sortis de l’entretien avec mes parents, j’étais dégouté… C’était le club de ma ville. Quand tu es un petit Lyonnais, tu rêves de jouer à l’OL. Mes parents m’ont beaucoup soutenu pendant cette période. Ils m’ont dit que je ne devais pas lâcher. Je les ai écoutés et je n’ai pas baissé les bras. Devenir un joueur professionnel restait mon objectif. Je savais que j’allais me relever, et c’est ce que j’ai fait à l’AS Saint-Priest.

Comment avez-vous réussi à tirer votre épingle du jeu à l’AS Saint-Priest pour finalement réussir à intégrer le centre de formation du FC Metz ?
Je suis resté deux ans à l’AS Saint-Priest, en U16 et en U17. Lors de ma deuxième saison, je m’entraînais et je jouais même avec les U19. L’avantage que j’avais, c’est qu’il y avait beaucoup de joueurs que je connaissais car c’est un club très connu pour les joueurs qui ne sont pas conservés par les centres de formation. Il me semble qu’on était quatre ou cinq de l’OL et il y avait aussi d’autres joueurs que j’avais côtoyés plus jeune. Donc, dans l’équipe, on s’entendait très bien, j’étais mis dans les meilleures conditions et, comme j’avais déjà cet instinct de buteur, je mettais beaucoup de buts. C’est ce qui m’a permis d’être mis en avant.

Comment s’est passée votre intégration au centre de formation du FC Metz en 2017 ?
Elle a été compliquée parce que je n’avais pas l’habitude de partir loin de ma famille et de mes amis. J’avais 16 ans et je me retrouvais tout seul, sans connaître personne, du jour au lendemain. En plus, pendant les six premiers mois, je ne joue quasiment pas, je dispute seulement 45 minutes dans un match officiel, alors que j’étais arrivé plein d’ambition. C’était dur car j’étais en pleine confiance après mon passage à l’AS Saint-Priest et cette confiance était directement cassée. Je me retrouvais à m’entraîner avec ceux qui ne jouaient pas… Mais je n’ai, une nouvelle fois, pas baissé les bras et je pouvais toujours compter sur le soutien de mes parents. Ils étaient conscients de mes qualités et ils me disaient que c’était simplement une question de temps. J’ai pris mon mal en patience et dès que j’ai eu des opportunités de me montrer, je les ai saisies et j’ai finalement réussi à me faire une place. Il faut parfois passer par des étapes difficiles pour réussir. Ça permet de se forger.

« Je n’ai pas bronché et je suis parti sans regret »

Pour acquérir du temps de jeu, vous rejoignez ensuite le RFC Seraing en prêt pour la saison 2020/21. Qu’est-ce que ça fait d’inscrire quasiment un but par match (19 en 21 matchs) ?
C’est difficile à expliquer. Je ne vais pas dire que j’étais sûr de marquer tous les week-ends, mais je savais que j’allais avoir les opportunités pour. Je sentais que tout le monde me faisait confiance, du club au coach. On avait une superbe équipe où tout fonctionnait. On prenait beaucoup de plaisir à évoluer ensemble. Je me suis éclaté lors de cette saison où l’on a fini par monter en première division.

Vous pensez ensuite faire votre retour à Metz lors de la saison suivante (2021/22) avant de finalement être à nouveau prêté au RFC Seraing. Comment l’avez-vous vécu ?
Quand le club m’a proposé d’effectuer un deuxième prêt, je n’ai pas bronché et je suis parti sans regret. J’avais besoin de jouer et de continuer d’emmagasiner de la confiance, donc c’était une bonne opportunité dans un club que je connaissais par cœur. Comme certains observateurs disaient que j’avais marqué beaucoup de buts la saison précédente parce que c’était en deuxième division, j’avais envie de prouver au FC Metz que je pouvais faire de même un cran au-dessus.

Qu’est-ce que ce deuxième passage vous a apporté ?
Le championnat était un peu plus relevé. J’ai connu des hauts et des bas (9 buts en 28 matchs) mais j’ai pu progresser tactiquement, que ce soit avec Jordi Condom ou Jean-Louis Garcia. Ça allait plus vite, il fallait prendre l’information plus rapidement, savoir et voir avant de recevoir. Ce deuxième prêt m’a permis de m’améliorer sur ces points et d’élargir ma palette.

« Je ne suis pas satisfait à 100% de mes performances »

Après ces deux saisons passées en Belgique, comment avez-vous décidé de rester à Metz l’été dernier ?
J’avais envie de montrer que j’étais capable de porter le maillot du FC Metz, de jouer devant nos supporters à Saint-Symphorien et de marquer des buts. C’est ce qui m’a poussé à rester au club. Je voulais montrer à tout le monde que j’avais le niveau pour jouer ici et que je n’étais pas seulement un joueur bon en prêt.

Vous attendiez-vous à réussir un aussi bon début de saison ?
On m’a déjà posé cette question lors de mon premier prêt en Belgique après avoir inscrit 14 buts lors de mes 7 premiers matchs. Ce que je peux répondre, c’est que je m’étais préparé à mettre des buts. J’ai tellement envie de montrer que je suis un buteur, que je peux marquer beaucoup de buts, que mon début de saison ne me surprend pas. Pour être honnête, je ne suis pas satisfait à 100% de mes performances !

Vous avez aussi connu une période de 7 matchs sans marquer en championnat avant votre triplé face au Paris FC avant la trêve. Comment l’avez-vous vécue ?
C’était compliqué. L’équipe n’arrivait pas à gagner, à enchaîner et, de mon côté, je n’arrivais plus à me procurer des occasions ni tout simplement à marquer. J’étais un peu frustré. Pourtant, à l’entraînement, c’était totalement différent. Je me sentais bien, je marquais pas mal de buts, mais je n’arrivais pas à le retranscrire en match. Pendant cette période, je n’arrivais pas à comprendre ce qui ne fonctionnait pas et je n’arrive toujours pas à l’expliquer. Mais je n’ai pas lâché et j’ai fini par retrouver le chemin des filets. C’est quelque chose qui arrive souvent aux attaquants dans une saison. Hormis Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo ces dernières années, tous les joueurs offensifs connaissent des périodes de creux.

« Karim Benzema est un de mes modèles »

Est-ce un domaine que vous avez identifié pour progresser ?
Oui. C’est quelque chose que je veux corriger pour les années à venir. Je veux devenir plus régulier et le plus décisif possible pour l’équipe. J’aimerais éviter de connaître des périodes de quatre ou cinq matchs où je ne marque pas. Là, j’ai quand même connu une période de sept matchs sans marquer, sans rien. Si encore j’avais été bon dans le jeu et que j’avais fait des passes décisives, ça restait des statistiques, mais là je n’étais plus du tout décisif. C’est ce que je dois travailler.

Pour parler maintenant de votre style, comment vous définiriez-vous ?
Je suis un joueur rapide, dribbleur et efficace devant le but. Je pense aussi être malin. J’évite de trop aller au contact avec les défenseurs qui sont plus robustes que moi car je sais que je vais avoir moins de chances de gagner le duel. Au lieu de vouloir à tout prix me retourner, je vais essayer de remiser et de tout de suite proposer un appel pour gagner du temps sur la course. Cela me permet d’avoir de l’avance sur mon adversaire dans la zone de vérité.

Sur les réseaux sociaux, certains vont jusqu’à vous comparer avec Karim Benzema lors de ses débuts à l’OL…
J’ai vu passer cela. Ça fait plaisir ! C’est quelqu’un qui vient aussi de Lyon. Il réalise une très grande carrière et a réussi à décrocher le plus beau trophée qu’un joueur puisse avoir individuellement, le Ballon d’Or. C’est un de mes modèles. On va dire que certains me comparent à lui car je suis un joueur qui essaie de produire du beau jeu et qui sait également conclure les actions.

« Le but ? C’est ce qui m’attire le plus »

Vous avez évolué à de nombreux postes offensifs depuis le début de la saison. Avez-vous une préférence ?
Il faut savoir que depuis que j’ai débuté le foot, j’ai toujours joué numéro 9. C’est mon poste de prédilection. Des coachs me mettaient parfois sur les côtés mais c’était plus pour dépanner. Après, cette saison, c’est vrai que le coach aime m’utiliser à plusieurs postes : sur le côté gauche, derrière l’attaquant ou seul en pointe. Ça ne dérange pas.

Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Quand je joue derrière un attaquant, j’ai un peu plus le champ libre et je touche plus de ballons. Je dois être capable de servir mes partenaires à droite ou à gauche. En numéro 9, j’ai un rôle différent. Comme je suis davantage collé aux défenseurs, je dois jouer en une ou deux touches, faire des remises quand le jeu le demande et savoir me retourner au bon moment.

Qu’importe votre positionnement, le but semble constituer une obsession chez vous…
Oui ! Depuis tout petit, je marque des buts. Le but est ancré en moi ! C’est ce qui m’attire le plus. Après, en match, je sais que je dois marquer, car je suis un attaquant, mais je ne vais pas tout de suite penser à le faire absolument. J’essaie avant tout de donner le meilleur de moi-même et d’être concentré sur le terrain car je sais que, dans ce cas-là, je vais avoir des occasions et je vais les mettre au fond.

« Quand je rentre de sélection, je sens que j’en reviens grandi »

Quelles sont les consignes de László Bölöni à votre égard ?
Je dois jouer simple dans notre propre camp et au milieu du terrain. Puis, une fois que je suis dans les 30 derniers mètres, il me dit de faire ce que je sais faire. Il discute beaucoup avec moi. C’est un entraîneur qui me fait confiance, c’est toujours plaisant. Ça me fait du bien. Je suis un joueur qui a besoin de ressentir cette confiance de la part du coach. Dans ce cas-là, le reste vient tout seul.

À côté de votre carrière en club, vous représentez la Géorgie depuis mars 2021 (13 sélections). Quel est votre rapport avec ce pays ?
C’est celui où mes parents ont grandi et où vit une partie de ma famille. C’est un choix qui s’est fait naturellement. Je n’ai pas hésité au moment d’avoir l’opportunité d’être appelé. Même si je savais que j’allais faire ce choix, j’avais quand même eu une discussion avec le sélectionneur Willy Sagnol avant d’être appelé, car je voulais écouter ce qu’il avait à me dire, et j’avais bien aimé son discours.

C’est un vrai bonus pour votre progression…
Avant tout, à chaque fois que je suis appelé, je suis très heureux de rejoindre la sélection et très fier de porter le maillot de l’équipe nationale. C’est sûr qu’être international et jouer contre des joueurs qui évoluent dans de très grands clubs européens, c’est un plus. Cela permet d’acquérir beaucoup d’expérience. Quand je rentre de sélection, je sens que j’en reviens grandi.